S a m e d i   &   d i m a n c h e   3 , 4   m a i   2 0 0 8

Un petit retour en arrière...

            Nous sommes en 2006, je suis fraîchement inscrit à XC63. Quelques semaines plus tard, je fais connaissance avec Olivier, membre actif du club à cette époque. Très vite, je me rends compte que le courant passe bien entre nous et que nous sommes sur la même longueur d'onde vététiquement parlant. Je trouve avec lui le côté "on part à l'aventure et on ne sait pas ce qu'il va nous arriver". J'accroche tout de suite. C'est avec lui que je fais mes premières sorties nocturnes ainsi que de jolies sorties au Puy de Dôme. A chaque sortie, je rentre chez moi explosé.

            Plus on roule ensemble et plus les sorties deviennent longues et aventureuses. Voilà, je crois que c'est fait, me voilà perverti aux longues sorties à vtt ! Par la suite, on fait ensemble de beaux périples à vélo tels que la traversée Cantal - Puy de Dôme, l'aller - retour Clermont - le Mont Dore en semi nocturne ou encore plus récemment un long tour +4200m dans les hautes Pyrénées.

            L'été dernier, on décide de faire Valence - Gap en formule "élite". Olivier lui a déjà participé au raid avec Christophe mais ils avaient abandonné à l'issue de la deuxième étape. De mon coté, j'ai vraiment envie cette année de me lancer un gros défis. Je veux une course qui me marque vraiment. Je trouve donc là le challenge idéal.

  Un entraînement particulier ?

            Particulier ? Oui, l'entraînement pour cette course aura été assez inhabituel. En effet, depuis plus d'un an, Olivier est retourné à St Jean de Luz. Difficile donc d'aller rouler ensemble tous les week-end. Cependant, lui comme moi sommes conscients que pour espérer finir ce raid, il faudra être un minimum assidu dans l'entraînement. Or, comment garder une motivation intacte et la volonté d'aller rouler le plus souvent possible sans pour autant savoir ce que l'autre fait de son coté ?

            La solution est vite trouvée. On décide de créer une page Internet sur laquelle chacun note ses sorties. La page est mise à jour presque tous les jours. On y trouve km/d+ ainsi qu'un petit renseignement sur l'état de forme etc... Très vite je me rends compte que cela porte ses fruits. Certains jours de mauvais temps où l'envie d'aller rouler est nulle, je me surprends à y aller tout de même ayant constaté que mon équipier, ce même jour à 600km d'ici est allé rouler à vélo !

            Aller, un petit extrait de cette page :

J-1 semaine :

Les coups de fils entre nous deux se répètent. Il y a pas mal de choses à mettre au point, notamment concernant l'assistance technique. L'assistance technique c'est papa et maman. Sur ce coup là, ils vont vraiment, vraiment assurer. Lorsqu'on rentre des étapes, notre camp est installé, la nourriture est prête. Ils sont aux petits soins avec nous.

Récit de la course :

1ere étape : Chatillon en Diois - Lus la croix haute

Le départ de la première étape est donné vers 9h15 à Chatillon en Diois. Nous partons alors sans trop le savoir pour une étape qui sera bien physique. Au final on bouclera les 62km/+2750m en 5h05min. Le départ est rapide. Très vite, Olivier prend les commandes. Sur la première montée, il roule devant. A mon goût nous roulons un peu fort. On perd pas mal de temps dans le premiers sentier en balcon car les coureurs devant nous n'osent pas passer sur le vélo et ne nous laissent pas doubler. On rattrape ensuite un bout de piste où on peut dépasser. Un peu de descente sur piste à près de 60 à l'heure. Une équipe mixte nous double. Olivier repasse devant eux. De mon coté, je tente de repasser la dame par l'intérieur d'un virage à l'équerre et ....  badaboum ! Vélo et Bilou par terre. Par chance, je ne me fais pas de gros bobos et surtout, la fille n'est pas tombée. Je m'excuse auprès d'elle qui prend cela avec le sourire ! Plus tard, on se rendra compte que cette même fille termine devant nous à l'étape et gagnera même le raid en équipe mixte. Bravo à toi !

L'étape se poursuit. Les montées suivantes se font presque toutes sur des singles. C'est vraiment physique à passer mais la beauté des paysages nous fait oublier l'effort. Les sentiers empruntés sont superbes eux aussi. Pas forcément très techniques mais souvent en balcon avec pas mal de vide sur les côtés. Cela fera même bloquer Olivier dans une montée. Il passera à pied, pris par le vertige.

On roule sous un soleil de plomb. Les trois litres du sac à eau seront vite avalés. Sur la fin de l'étape, nous sommes suivis par deux belges et deux français venus de Bordeaux. On accélère pour les faire lâcher. On y laisse pas mal de jus car nous sommes sensiblement du même niveau. Dans la dernière montée, sur des cailloux, on fait le différence.

On passe l'arrivée en 16ème position.

Ci-contre : un superbe sentier en balcon peu après le départ. Des comme celui-ci, nous en avons empruntés un nombre incalculable. Vraiment grandiose !

Temps mort jusqu'à 21h

De 14h à 21h, nous prenons le temps de manger et de nous laver. On retrouve mes parents au camping de la Condamine. Ils ont installé notre bivouac. Le repas est servi, nous mettons les pieds sous la table comme des princes. On prépare les vélos pour l'étape de nuit et on rentre les balises avec des waypoints dans le gps. J'essaye de dormir un petit peu.

2ème étape : Lus - Lus

 Il s'agit là d'une boucle de 39km/+1600m autour de Lus. Le départ est donné vers 21h15. On part très fort. J'ai de bonnes sensations. On a le meilleur éclairage de la course et au fond de nous, on aimerait gagner une étape. Après à peine 3km, on attaque une longue montée sur un single quasi inroulable. Il faut porter/pousser et parfois rouler. C'est bien usant d'autant plus qu'il faut être très concentré car certains passages ne laissent pas le droit à l'erreur. Par endroit, le sentier fait à peine 30cm de large et un ravin d'une centaine de mètre est là, juste à côté.

En haut du sentier, je cherche la permière balise sans la trouver. Tout le monde est paumé. Olivier arrive. On cherche encore un peu puis on décide de continuer. On la trouvera finalement 500m plus bas. On attaque alors une superbe descente en sous bois sur un très joli sentier avec quelques belles épingles. On double pas mal de monde...en vain.

En vain puisque plus tard, Olivier sera pris par des crampes. Impossible de donner le moindre coup de pédale. Je le vois ralentir au fur et à mesure que les gens nous redoublent. J'essaye de le remotiver, en lui disant de rouler à son rythme, de mouliner pour reprendre mais rien n'y fait. Il n'est vraiment pas bien. Un peu plus loin, je pousserai nos deux vélos et lui marchera à coté. Là, je nous vois vraiment mal engagés. Nous roulons depuis plus de 2h30 déjà et il reste encore une quinzaine de kilomètres à boucler. Soudain, on voit devant nous un attroupement de gens. Il y a une rivière qui doit faire 7 ou 8 mètres de large par dessus laquelle est tendu un câble entre deux 4x4. Il faut se tenir main droite au câble, vélo côté gauche et traverser dans plus d'un mètre d'eau avec un fort courant.

Lorsqu'on sort de l'eau, on roule un peu sur du plat et de suite, Olivier se sent mieux. L'eau glacée lui a fait passer ses crampes. Nous pouvons alors finir l'étape sans trop de casse. Nous terminons tout de même 32ème de l'étape en 3h31min.

Soupe à l'oignon, douche glaciale et court sommeil

Nous rejoignons le camping pour y manger la soupe à l'oignon. On va ensuite se doucher afin de mieux dormir et de repartir à peu près frais le lendemain. Vers 2h du matin nous nous couchons. Réveil à 7h00 pour départ à 8h.

3ème et dernière étape : Lus - Gap

Réveil douloureux. Les jambes ne sont pas au top et surtout j'ai le cul cramé. Le cuissard trempé de la nuit m'a irrité et ce n'est pas bien agréable pour rouler. Enfin bon, il n'y a pas le choix de toute façon.

Nous partons tout doux dans les derniers. Petit à petit, sans forcer, nous remontons des coureurs. On voit bien que tout le monde est fatigué. Nous passons le premier ravito puis on arrive au second. Entre temps nous empruntons de très jolis sentiers ludiques dont une superbe descente pleine d'épingles. C'est une agréable surprise car suite aux modifications du tracé pour cause de neige, nous nous attendions à une étape un petit peu bof.

Au second ravito, une dame nous dit : "Il vous reste 20km et une seule montée juste là, devant."

Mal renseignés sur l'étape, nous faisons l'erreur de la croire sur parole. On repart donc dans l'idée de terminer ces 20km à bon rythme. Dans la montée, on ne force quasi pas et pourtant on repasse quelques équipes. Ensuite, on longe la Drôme sur un long single. Je me mets à rouler plus fort, me disant qu'il ne reste que 15km maxi. Je donne tout ce qu'il me reste. On creuse l'écart. Les kilomètres défilent, 10, 15 puis 20.....puis 25....les jambes elles faiblissent. Plus de souffle. Explosés, nous sommes explosés.

On jette alors un coup d'oeil au gps qui annonce encore presque 15km. Là, c'est le coup de grâce. La motivation est au plus bas. On termine à la ramasse. C'est de la souffrance pour tout les deux. Les équipes passées nous redoublent sans que l'on puisse y faire quoi que ce soit.

On arrive enfin à Gap après 5h17min, encore une fois en 32ème position. Nous bouclons 70km/+1930m.

L'arrivée à Gap

Nous passons la ligne au ralentit. Mes parents sont là. Maman est assez contente de nous voir finir ce raid. Je lui en ai beaucoup causé cette année. On quitte le casque et les gants, puis le sac. Je suis un peu ailleurs. La fatigue ne va pas tarder à nous tomber dessus. On se laisse glisser jusqu'au parking où l'on prendra une bonne douche puis le repas avant de rentrer à Clermont. Olivier est complètement vidé, comme le jour du +4200 au Tourmalet.

Vers 16h, nous quittons Gap pour rentrer à Clermont. Le voyage retour sera lui aussi un véritable marathon puisqu'il nous faudra traverser toute l'Ardèche par des routes sinueuses....6h20 de trajet pour 410km.

Clermont, 22h30, on mange des pâtes et des oeufs au plat et puis dodo. De mon côté, le réveil sonnera à 5h00 du matin pour aller bosser à 6h. Là aussi, ce sera très dur !

r e t o u r   a u   s o m m a i r e

[...] la suite très bientôt