Samedi 9 avril 2011
Thibault BANON-SELVES & Eric VIALAT
"Trip sud one shot"
L'année 2010 a été riche en événements vtt. J'ai eu l'impression d'avoir franchi une sorte de cap personnel. J'ai participé à beaucoup de courses un peu partout en France, des manches de coupes régionales, à la Transvésubienne en passant par le 24h des Crapauds. J'ai fais aussi quelques randonnées dont l'immanquable Garoutade. Sur le plan "sportif", c'était une année plutôt réussi (à mon niveau). Je me suis régalé et j'ai aussi eu une belle opportunité question matériel.
Et pourtant...
Et pourtant, avec du recul, je me dis que dans cette année 2010 il manque un truc. Vous savez, ce genre de truc qu'on oublie pas, ce truc dont on se rappelle un moment. Ah oui, ce qu'il manquait, c'était un vrai "plan débile" bien à l'ancienne comme on les aime ! En 2009, il y a eu le trip Clermont-Fd - Le Lioran. Je le garde comme un de mes meilleurs souvenirs à vélo. Bref, pour cette année 2011, il fallait absolument remettre les pendules à l'heure !
Dans un coin de ma tête ?
Dans un coin de ma tête, il y a toujours ce défis de boucler la GTMC en 72h. J'y ai encore pas mal cogité cette année mais c'est trop difficile à mettre en place en dehors de l'été à cause de mes études. L'an dernier, on avait réfléchi à une trace Clermont-Fd - Millau. Celle-ci est presque finalisée et pourtant on ne l'a jamais faite. On aurait très bien pu la reprendre et zou, notre trip était fait. Non, résolument non. Parce que j'ai pris gout au soleil, j'aimerai une trace plus au sud. Aussi, j'aimerai qu'on termine au bord de la mer.
Une fois ces critères posés, l'idée est rapidement venue : le trip 2011 sera Millau - Frontignan plage !
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L'équipier !
Dans l'absolu, il fallait un gaillard solide, prêt à en chier, avec de l'humour (ça sera utile) et si possible qui connaisse un peu le coin pour les premiers kilomètres. Et oui, il fallait donc Thibault ! J'en parle aussi à deux copain du club, Gildas et Christian. Eux ne pourront pas se libérer ce week-end là. Dommage.
La préparation
Pour réduire au maximum les risques de mauvaises surprises en cours de route, il est bon de planifier du mieux possible les choses. Le premier point à voir est l'estimation horaire du trip. Outch, ça fait peur... Reste à voir ensuite la gestion de l'eau et de la nourriture. J'en parle un peu autour de moi, avec le copains de VTT34. Eux nous prennent pour des barges mais ce n'est rien, ils vont s'y habituer. Je leur propose de faire la fin du périple avec nous à partir de Saint-Guilhem. Finalement, ils vont même en faire plus que ça !
La météo...
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On pouvait difficilement faire mieux je crois ! |
J-1
Vendredi 8 avril 2011, les choses se précisent. Je quitte la fac à 15h30. A 16h30, je retrouve Thibault sur la plage à Frontignan. On va garer son auto près des maisons de Frontignan-plage puis on file direction Gignac pour laisser quelques bricoles à Guillaume, dixit Aïoli, qui viendra nous ravitailler le lendemain à St-Guilhem-le-Désert. On retourne ensuite sur Montpellier. On se fait l'assiette de pâtes qui va bien, je vérifie encore une fois mon sac, prépare l'appareil photo et le gps. A 22h30, extinction des lumières. La nuit sera courte.
Une longue, très longue journée
Samedi 9 avril, 2h30 du matin, le réveil sonne. J'ai réussi à m'endormir vers 1h du matin...le calcul est vite fait... On déjeune rapidement sans faire de bruit pour ne pas réveiller Anaïs puis on charge le reste des affaires dans ma voiture. A 3h15, on quitte Montpellier. Arrivée à Millau à 4h30. La ville est endormie, tout est très calme. On se prépare sur le parking. Je glisse dans mon sac une dizaine de barres de céréales et un bidon d'eau en plus de celui qui sera sur le vélo. J'installe mon éclairage et je lance le gps. Pendant ce temps, Thibault répare sa roue avant avec une chambre à air. C'était la seule qu'il avait.
4h50, cette fois-ci nous y sommes, c'est le vrai départ du raid ! On quitte les ruelles endormies de Millau pour rejoindre la fameuse "montée du facteur". Il ne fait pas froid, il n'y a pas de vent. On monte à bon rythme et on rejoins rapidement le causse Larzac. Les vautours dorment, tout comme les moutons. On roule en silence. Au fond, le viaduc surplombe la vallée. On a pris presque 30min de retard sur l'horaire de départ initialement prévue. On va éviter une petite partie du tracé pour couper plus directement par une petite route déserte. On doit grappiller 10 ou 15 minutes.
6h40, déjà presque 2h que nous sommes partis. Nous sommes à proximité de Montredon. On va alors entamer une longue descente plein sud en direction du village des Liquisses. Le jour se lève doucement par dessus les crêtes du Mont Aigoual. On fait un petit crochet au niveau du village pour récupérer deux bouteilles d'eau que Thibault est allé poser la veille. On se ravitaille rapidement puis on reprend le cap au sud. On surprend des chevreuils et des lapins sur notre tracé. Le gps lui aussi va nous surprendre. Il nous indique une trace qu'on ne trouve pas. On cherche un petit moment. Je sens que Thibault s'agace. De mon côté, j'ai déjà eu ces petits soucis de navigation. Je sais qu'on va finir par trouver même si c'est un peu laborieux. J'ouvre l'œil et fini par trouver l'entrée d'un minuscule sentier. Visiblement le coin est très peu fréquenté. On s'y engage et le gps nous confirme que nous sommes bien sur la trace prévue.
8h25, nous arrivons à la Blaquerie. Thibault s'exclame d'un coup : "Eric, nous sommes dans la mer... ! " Il m'explique alors qu'il a oublié de prendre les clés de la voiture qui est garée à Frontignan-plage. Les clés sont restées à Montpellier. Je m'assois sur le sol quelques secondes et réfléchi à une solution. J'appelle alors Charlie dixit Begood. Il n'est pas encore parti pour Frontignan et il pourra passer chez moi récupérer les clés. J'appelle ensuite Anaïs pour lui dire de chercher les clés....elle était sur le point de partir pour toute la journée ! C'était donc moins une !
Le tracé se poursuit en direction de la Couvertoirade. Pour le moment, on alterne les passages dans de minuscules sentiers et les passages sur des pistes plus larges. La moyenne est bonne et mis à part les erreurs de navigation, on ne perd pas trop de temps. Cela ne va pas durer hélas. Alors qu'on roule sur une piste caillouteuse, j'entends un joli "pchiiiiiiitttt". Je viens de déchirer mon pneu arrière. Je suis à moitié étonné car il s'agissait d'un pneu d'essai très fin. La coupure n'est pas trop grosse, à peine 1cm. Je glisse un papier d'une barre de céréale et je monte une chambre à air. Il me reste encore deux chambres au cas où.
9h05, nous rentrons par la porte nord de la Couvertoirade. On traverse la petite cité médiévale. Je n'y avais jamais mis les pieds et je dois dire que c'est très joli. On monte sur les hauteurs pour contempler un peu la vue puis on poursuis en direction du Caylar.
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On fait une bonne liaison sur un magnifique sentier caillouteux. Je l'avais déjà pris en septembre dernier à l'occasion d'une manche de la coupe régionale du Languedoc-Roussillon. Il commence à faire chaud. Le ciel est grand bleu. A 9h50, on arrive au Caylar. On a 50 minutes de retard sur l'horaire prévu. On va s'y arrêter environ 30 minutes. On récupère alors un sac avec de l'eau, du pain et du riz que Thibault à poser la veille. On y laisse aussi l'éclairage et les vêtements longs. C'est à partir d'ici que les choses doivent se corser. On doit rejoindre le village de Navacelles, puis St-Guilhem. Je sais que les sentiers seront davantage cassants et que la progression sera plus lente.
10h25, on quitte le Caylar. Les choses sont vite claires...on s'engage dans un sentier peu marqué (pas marqué du tout même). On zig-zag entre les épineux et les rochers pendant quelques kilomètres avant de rejoindre une piste plus roulante. On roule un bon moment en alternant sentier et piste. Dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien. Le Mont Aigoual se dresse juste devant nous. Vers 12h, nous arrivons sur le causse du plan du Ceisse, juste au dessus du village de Vissec. On va alors plonger jusqu'à Navacelles par un magnifique sentier étroit le long des gorges de la Vis.
Le terrain est plus difficile mais reste tout de même "soft" par rapport à ce que j'ai l'habitude de rencontrer sur Montpellier. Et pourtant....."pchiiiiittttt" ! Et voilà, deuxième déchirure du pneu arrière. Cette fois-ci, l'entaille fait pas loin de 2cm et on voit clairement la chambre à air. On répare avec la technique du papier de barre de céréale et avec mon avant dernière chambre à air. J'essaye de rester zen même si au fond de moi j'enrage et me traite de tout les noms d'oiseaux. Thibault se marre. On termine la descente et on débouche au cœur du cirque de Navacelles. Je regarde tout autour de moi et je dis que j'ai bien fait de modifier notre tracé pour le faire passer ici ! C'est grandiose.
13h10, on quitte Navacelles pour rejoindre St-Maurice de Navacelles par un magnifique sentier en balcon, parfois exposé. On suit en fait le tracé du GR7. J'essaye d'appeler Claude pour lui dire qu'on ne sera visiblement pas à St-Guilhem pour 14h30 comme on l'espérait. Cette portion de sentier est superbe. Il faut y mettre un peu du sien pour passer à vélo mais ça se fait relativement bien. On surplombe les gorges de la Vis. A ce moment de la journée, le soleil tape très fort. La progression n'est pas très rapide. Au niveau de l'aqueduc, mon pneu arrière crève une fois de plus. Moralement c'est assez dur pour moi. Je suis un peu blasé. Je démonte une énième fois et y place ma dernière chambre à air. Il me reste ensuite un kit de rustines sans la colle....autrement dit, je n'ai plus le droit à l'erreur jusqu'à St-Guilhem.
13h50, nous attaquons le portage du jour. Il s'agit plutôt d'un "push & walk". On double des randonneurs du troisième âge pas très coopérants qui se font un plaisir de faire mine de ne pas nous entendre pour nous bloquer. 25 minutes plus tard, nous sommes sur le haut du causse et on rejoins le village de St-Maurice de Navacelles.
La plus grosse partie est presque passée. Au niveau du Coulet, on va encore perdre presque 20 minutes à cause du gps. Enfin en réalité, le tracé du GR a été modifié entre ma carte et la réalité. Bref, on tourne en rond sous le soleil... Vers 15, on est sur le sentier pour St-Guilhem. Sur place, Pierrick, Claude, Gilles et Charlie nous attendent (eux sont venus de Frontignan à vélo ce matin) accompagnés de Florent et Guillaume pour l'assistance.
Initialement, j'avais prévu d'arriver dans St-Guilhem par la descente du château. Celle-ci est très cassante et du coup, on dévie de l'itinéraire pour aller chercher la descente du fenestrel. On perd un peu de temps mais c'est plus sûr.
16h30, on arrive enfin dans St-Guilhem avec plus de 2h de retard. L'équipe de VTT34 est là. J'ai pas la mine très fraiche et surtout, je me pose directement en descendant du vélo. Je souffle et surtout je relâche la pression. Depuis Navacelles, je tremblais en voyant le moindre cailloux. Maintenant c'est bon, je pourrais réparer si jamais je crève de nouveau. On se ravitaille rapidement et à 17h, on se lance dans la fin du parcours. Thibault hausse le rythme afin qu'on puisse finir avant la nuit. Les copains de VTT34 s'accrochent. Merci les gars !
Le final est roulant mais il y a encore de bonnes montées/descentes en enchainer. A la Boissière, on refait le plein d'eau. On poursuit jusqu'à Cournonterral. Nous roulons maintenant depuis plus de 10h. Mon ventre me le rappel. J'ai un peu la gerbe. Je ne m'inquiète pas plus que ça, je sais que ça passera.
Le massif de la Gardiole se rapproche. Pour nous ralentir un peu, je crève une fois de plus...
Je répare en moins de 5 minutes et on s'engage dans le final. On traverse la Gardiole et on débouche enfin sur la petite route qui nous conduira à la plage !
20h50, le soleil est presque couché, je roule sur le sable ! Je quitte directement les chaussures et vais jeter mes jambes dans l'eau...il n'y a pas de mot pour décrire cette sensation !
On prend quelques photos, on se félicite d'être allés au bout et on file chez Guillaume (à Frontignan) pour le barbecue bien mérité !
Quelques chiffres :
- 201 km
- 15h 48minutes entre le départ à Millau et l'arrivée à Frontignan-plage
- 11h 25 minutes de pédalage
- 25 minutes de portage/poussage
- 6, 8 ou 10L d'eau avalés par personne ?
- Une dizaine de barre de céréales achetées au Carrouf'
- 4,5 accompagnateurs pour terminer le raid avec nous (Claude n'a pas pu faire le retour [...] j'espère que ton restaurant valait le coup !)
- 2 assistants de chocs : Florent et Guillaume
Ci-dessous : le graphique prévisionnel. Au final, on a presque 30km de plus (le gps calcul la distance à plat, on s'est perdus quelques fois, on a rallongé certaines portions). Le dénivelé quant à lui est exagéré. Au final on termine avec +3500m et -4000m.
Un grand merci à :
- Tous les gars de VTT34 qui nous ont soutenu dans ce projet débile. A leurs commentaires bien funky laissés sur le forum.
Crédits photos : Thibault BANON-SELVES & Eric VIALAT
